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Story Notes:

Disclaimer: All characters and events depicted in this story are fictionnals and none of them is based on any actual person or event. Any ressemblance is purely coïncidential. The original characters and plot are the property of the author. The author is in no way associated with the owners, creators, or producers of any media franchise. No copyright infringement is intended.

 

Tout a commencé un jour plutôt quelconque, alors que je rentrais chez moi d’une petite balade sympathique au bord d’une rivière. Étant alors dépourvu d’emploi, j’avais pas mal de temps libre et en faisais bon usage. En me promenant bien sûr. J’aimais beaucoup ces petites escapades en forêt ou à la mer, habitant proche de l’une comme de l’autre. Mais je fabriquais aussi de menus objets, bijoux et autres que je vendais de façon plus ou moins légale sur internet. Et bien sûr, je passais autant de temps que possible en compagnie de ma chère et tendre Virginie. Virginie était à l’époque ma compagne depuis à peine trois mois, mais l’amour parfait que nous filions laissait deviner que cette union allait traverser le temps et les épreuves. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne pouvions deviner quel genre d’épreuve invraisemblable allait bientôt nous tomber dessus. Virginie était une jeune femme pleine de vie, âgée de vingt-trois ans, tout comme moi, très petite avec son mètre cinquante-quatre mais dotée d’un adorable visage éclairé de deux grands yeux bruns qui offraient un contraste saisissant avec sa chevelure blonde ondulée. On aurait pu se perdre dans ces yeux pendant un long moment avant de remarquer le nez fin qui les séparait, surmontant des lèvres minces au sourire facile, et – après que je l’eus croisée fugacement à une soirée pour la première fois – c’était surtout ces yeux magiques, lumineux, qui m’avaient hanté jusqu’à notre rencontre suivante. Rencontre qui arriva bien tard à mon goût du fait que je n’eus osé me montrer trop intéressé auprès de mes amis par cette petite blonde à qui j’avais somme toute assez brièvement parlé et que pourtant je me languissais de revoir, ayant déjà alors senti dans ce bref échange la connexion qui s’épanouirait un jour entre nous.  Ainsi, lorsque ce jour arriva enfin, son visage m’avait tellement subjugué que je fus sincèrement stupéfait de découvrir dans son prolongement un corps qui aurait probablement à lui seul marqué durablement l’inconscient de plus d’un homme. Cette deuxième rencontre eut lieu un chaud jour d’été, et, lorsqu’en rejoignant le groupe de mes amis qui discutaient tranquillement debout sous un arbre, je ne pus m’empêcher de noter les courbes de ce que je croyais être une inconnue me tournant le dos, absorbée dans la conversation et qui, bien que fine, possédait des formes très harmonieuses que ses vêtements légers soulignaient parfaitement. Aussi quel ne fut pas mon bonheur lorsqu’en se retournant je reconnus cette demoiselle au charme fou qui occupait mes pensées depuis des mois ! J’étais plus encore aux anges en découvrant le sourire qui s’ouvrit sur son beau visage lorsqu’elle me vit, attestant de son plaisir sincère à me revoir. Je n’avais jusque-là pas été certain qu’elle ne se soit ne serait-ce que souvenu de moi, mais j’étais désormais rassuré sur ce point. Faisant montre d’un enthousiasme que je comprendrais plus tard faire partie intégrante de sa personnalité, elle sautilla presque pour me faire la traditionnelle bise de bienvenue, tâche rendue difficile par notre différence conséquente de taille – je mesurais un mètre quatre-vingt-quatre, ce qui laissait entre nous un écart de pile trente centimètres – qui aurait sans doute été un échec si je n’avais pas complété son élan en me penchant vers elle. Si bien que nous nous embrassâmes presque dans un geste maladroit mais spontané qui aurait bien pu être la démonstration d’une volonté à peine consciente chez chacun de nous. Car mes sentiments pour elle, à l’époque déjà, elle les partageait. Et comme j’eus cette fois-là la présence d’esprit de prendre son numéro, il ne se passa bientôt pas un jour sans que nous ne nous contactions, si bien que deux semaines plus tard à peine nous étions en couple.

Voilà pourquoi, trois mois plus tard, en ce jour d’automne alors que le soleil baissait sur l’horizon, je hâtai le pas pour la rejoindre dans l’appartement que nous partagions, où je savais qu’elle avait dû rentrer en mon absence, ayant terminé sa journée dans l’usine de couture qui l’employait. Mais, en arrivant, je crus tout d’abord que l’endroit plongé dans la pénombre était vide. Ce ne fut qu’alors que j’enlevais mon manteau après avoir posé mes chaussures dans l’étagère prévue à cet effet que j’entendis un vague mouvement en provenance de la chambre qui constituait le tiers du deux-pièces meublé. Virginie, s’étant sentie mal, était rentrée plus tôt et s’était mise au lit, en proie à une fièvre inexpliquée. Elle me raconta cela les yeux rendus brillants par la maladie, et je décidai de la laisser dormir tandis que je m’occuperais des corvées ménagères et du repas.

J’étais en train de finir la vaisselle lorsqu’elle sortit de la chambre pour arriver derrière moi et me poser par surprise un bisou dans le cou, performance impressionnante du fait de sa petite taille, que j’attribuai à ma position penchée au-dessus de l’évier trop bas pour moi.

-Tu vas mieux ? demandai-je.

-Oui ! Je viens de prendre ma température, la fièvre est tombée d’un seul coup, c’est à n’y rien comprendre. Je me sens en pleine forme.

-Dois-je en conclure que tu as feint d’être malade pour échapper à la vaisselle ? hasardai-je pour rire.

-Bien sûr. J’ai été jusqu’à mentir à mon patron juste pour l’esquiver, c’est gentil à toi d’être tombé dans le panneau.

Je lâchai un petit rire et la laissai vaquer à ses occupations tandis que je terminais de laver les assiettes, commençant moi-même à me sentir un peu patraque, courbé sur mon bac d’eau fumante dont la température semblait me monter étrangement à la tête. Je me demandai si je n’avais pas attrapé la même fièvre qu’elle, moi qui pourtant était plutôt habituellement de constitution robuste. La sensation passa vite néanmoins, et alors que j’essuyais la dernière assiette, je me sentais déjà mieux. Même la raideur dans le haut du dos que je ressentais vite à tenir trop longtemps cette position semblait s’être atténuée. Virginie, en revanche, se mit à se comporter de manière assez bizarre, se plantant derrière moi, silencieuse et immobile, comme plongée dans une intense réflexion. Je pouvais sentir un problème triturer son cerveau comme si je le voyais. Aussi après avoir rangé mon assiette, je me tournai pour lui faire face et lui demandai :

-qu’est-ce qui t’arrive ?

Elle secoua la tête d’un air penaud :

-Je ne sais pas trop, j’ai l’impression que quelque chose cloche mais je n’arrive pas à dire quoi.

Je lui jetai un regard circonspect, en partie distrait par sa poitrine menue qui soulevait délicatement le T-shirt qu’elle avait mis en sortant du lit, et qui, non contrainte par un soutien-gorge, soulignait ses dénégations d’un appréciable balancement. Puis, un autre détail – en fait celui-là même qui la préoccupait sans qu’elle n’arrive à mettre le doigt dessus – m’interpela. Je lui lançai d’un ton étonné tandis que mes yeux s’abaissaient lentement vers ses pieds :

-Depuis quand tu te balades en talons dans l’ap… part ?

Alors même que ce dernier mot sortait de ma bouche, je ne pus que constater qu’elle était pieds-nus, comme elle en avait l’habitude en intérieur. J’étais moi-même en chaussettes mais même si j’étais loin d’avoir le compas dans l’œil, je pouvais facilement dire qu’il n’y avait plus trente centimètres de différence entre nous. Plutôt vingt, ou vingt-deux tout au plus.

Virginie me regarda d’un air interdit que je ne pus que lui rendre. Mon premier réflexe fut de penser que j’avais cru à une erreur depuis trois mois et que je ne m’en étais tout simplement pas rendu compte.

-Quelle taille m’as-tu dit que tu faisais déjà ? Demandai-je en espérant à demi avoir la confirmation de cette hypothèse.

Je fus vite déçu :

-Un mètre cinquante-quatre aux dernières nouvelles. Et toi, tu fais bien…

-Un mètre quatre-vingt-quatre, oui. Enfin, je crois. J’en suis même certain. Donc en somme tu aurais grandi ?

-Quoi, dix centimètres en deux minutes ?

-Non, c’est ridicule. Ça fait probablement des mois que tu grandis petit à petit et on ne l’avait pas remarqué, c’est tout.

-Mais tu viens comme moi de t’en rendre compte d’un coup. Et puis je vais avoir vingt-quatre ans bientôt, c’est seulement possible de grandir autant à cet âge-là ?

-Je ne sais pas. Tu veux qu’on te mesure pour voir ? On doit bien avoir un mètre qui traîne.

Elle acquiesça silencieusement, pensive. Pour ma part, je n’avais pas vraiment besoin de la mesure pour savoir à quoi m’en tenir. Le haut de sa tête m’arrivait au menton. Et ça c’était nouveau, j’étais catégorique.

Un quart d’heure plus tard, nous regardions, dubitatifs, la petite marque sur la feuille que nous avions accrochée au mur pour mesurer Virginie. Le mètre était formel, ma petite-amie mesurait un mètre cinquante-huit. Elle avait donc pris quatre centimètres dans un laps de temps inconnu. Mais cela laissait une question en suspens, qui flottait entre nous comme un parfum de panique pas encore éclose. Car nous savions tous deux que nous n’avions alors pas vingt-six centimètres d’écart.

Virginie aborda le sujet la première, d’une manière détournée, en me disant d’une voix douce :

-Mets-toi dos contre le mur, s’il te plaît, mon chéri.

Sans un mot, j’obtempérai et, prenant l’équerre et le stylo dont je m’étais servi pour elle, elle leva les bras et traça sur le haut de la feuille – avec peine du fait de sa petite taille – la marque symbolisant ma taille. Puis, nous déroulâmes de nouveau le mètre et regardâmes le résultat, partagés entre l’incompréhension et, pour moi du moins, une certaine crainte. Je mesurais un mètre soixante-dix-neuf, taille que j’avais dépassée vers l’âge de quinze ans.

J’avais rétréci.

 

Le matin suivant, je me réveillai groggy, sans trop savoir ce qui s’était passé la veille au soir. J’étais à la fois sonné par la nouvelle et en proie à une multitude d’interrogations. Virginie, elle, était déjà debout et semblait assez agitée.

-J’ai appelé le boulot pour leur dire que j’étais malade, me dit-elle dès qu’elle vit que j’avais les yeux ouverts. Je ne peux quand même pas y aller sans soutif !

-Quoi, soutif ? Balbutiai-je.

-Je ne peux plus le mettre ! Il est trop petit ! Ça n’a pas de sens.

Je me levai à mon tour mais elle était déjà partie s’enfermer dans la salle de bains, sans doute pour ses ablutions matinales. Du moins c’est ce que je crus tout d’abord. Puis, cherchant des yeux la feuille que nous avions laissée au mur comme pour me convaincre de la réalité de ce qui y était marqué, je ne pus que constater qu’elle ne s’y trouvait plus. Je la découvris cachée dans un tas de papiers et comprit du même coup pourquoi ma bien-aimée s’éternisait dans la salle de bains. De toute évidence elle m’évitait pour m’empêcher de voir à mon tour ce qu’elle avait déjà remarqué. Car sur la feuille étaient à présent tracés trois traits, accompagnés d’un détail qui me fit horreur : chaque trait avait, écrit de la fine main de Virginie, un nom et une date, comme si elle s’attendait à ce que le phénomène continue ! D’ailleurs, même si je me refusais à l’admettre, il semblait bien qu’elle eut raison sur ce point car le deuxième trait à son nom, celui du matin, était distant de l’autre de trois bons centimètres. Elle avait pris trois centimètres dans la nuit !

Et moi alors, avais-je encore rapetissé ? Je pensai avec horreur que j’avais perdu plus qu’elle n’avait gagné la veille, et me demandai combien je pouvais bien mesurer. Avec un sentiment de panique latente, je raccrochai la feuille au mur, prenant soin de la replacer de manière à ce que les marques se retrouvent bien à la hauteur précise qu’elles indiquaient. Puis, j’entrepris de me mesurer.

Lorsque Virginie eut rassemblé assez de courage pour sortir de la salle de bains, j’étais en train de contempler silencieusement le trait à un mètre soixante-dix-sept que je venais de tracer. Elle me vit et me dit, presque sur un ton d’excuse :

-Tu sais, ce n’est pas évident de se mesurer soi-même, tu t’es peut-être trompé.

Je la regardai, voulant la croire quand bien même je voyais bien que notre différence de taille était désormais plus proche des quinze centimètres que des vingt. Finalement, jouant le jeu, je répondis :

-Tu veux que je te re-mesure, toi ? Après tout tu aurais aussi pu te tromper.

Je ne sais pas pourquoi elle accepta, peut-être avait-elle senti la chose pendant qu’elle était sous sa douche, peut-être pas. Mais le verdict était éloquent, et cette fois, avec un frisson, je marquai l’heure.

-Tu t’es levée vers quelle heure ?

-Sept heures.

-Et tu t’es mesurée aussitôt ?

-Pas tout à fait, mais presque.

Il était neuf heures trente. Elle avait donc grandi de deux centimètres en environ deux heures.

Nous passâmes le reste de la journée à fouiller l’internet, essayant de chercher ce qui pouvait causer un tel phénomène. Les résultats n’étaient guère encourageants, car les seuls cas de personnes ayant été en proie à un phénomène de croissance démesurée étaient en général liés à des tumeurs au cerveau ne les ayant pas laissés vivre bien vieux. Et même ceux-là ne ressemblaient que de très loin au problème de Virginie car jamais personne n’avait expérimenté une évolution aussi fulgurante. Même lors des étapes les plus rapides de la croissance chez les jeunes enfants, prendre plusieurs centimètres par mois pouvait être vu comme un cas extrême. Quant à plusieurs centimètres par jour, c’était tout bonnement impossible. Et pour ce qui était de mon propre cas, nos recherches se montrèrent encore moins efficaces, car s’il était apparemment normal de perdre chaque jour un à deux centimètres en raison d’un tassement des vertèbres qui reprenaient pendant la nuit leur place initiale, un rétrécissement tel que le mien n’existait pas. Mais je ne pus tout d’abord m’appesantir sur la question, car tandis que je tentais de trouver une explication qui donnerait du sens à ce que j’observais, ma compagne, elle, sombrait progressivement dans une sorte de panique que je mis d’abord un peu de temps à remarquer.

-Qu’est-ce qui t’arrive ? Finis-je par demander lorsque je constatai son agitation.

-Ce qui m’arrive ? Apparemment, une tumeur !

Je compris tout de suite ce qui se passait dans sa tête. Les exemples que nous avions parcourus n’avaient pour la plupart pas dépassé l’âge de vingt-cinq ans, lorsqu’ils l’atteignaient. Et si leurs croissances semblaient bien moins rapides que la sienne, il était facile d’imaginer que sa propre hypothétique tumeur était donc infiniment plus agressive. Mais cela ne collait pas, à mon avis.

-Calme-toi, dis-je en la prenant dans mes bras pour essayer de la réconforter. Je ne crois vraiment pas que ça puisse être ça.

Elle s’abandonna à mon étreinte, tandis que j’étais moi-même envahi d’une sensation bizarre. C’était là le contact le plus intime que nous ayons eu depuis le début du phénomène et déjà au lieu d’être enfouie dans ma poitrine comme c’était habituellement le cas, sa tête reposait tranquillement sur mon épaule. Je réalisai du même coup une chose qui me fit me souvenir de ce qu’elle m’avait dit à propos de son soutien-gorge, un peu plus tôt. Si elle n’avait jamais eu une forte poitrine, et que ce n’était certes toujours pas exactement le cas, je pouvais indéniablement sentir que le poids de ses seins contre mon torse avait augmenté. Mais, alors que je remarquai ce détail incongru, elle répondait, au bord des larmes :

-Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? C’est la seule explication qui semble avoir du sens.

-Mais non, voyons, soyons un peu logiques. Une simple tumeur ne peut pas justifier une telle poussée verticale, surtout qu’on ne grandit pas sans devoir manger en conséquence, ton corps ne peut pas produire de la matière à partir de l’air.

-Donc d’après toi c’est quoi qui m’arrive ?

-Je ne sais pas, tu l’as vu comme moi, il n’y a pas d’explication. Mais si c’était une croissance qui fonctionnait comme un phénomène naturel, soit tu serais en train de maigrir à une vitesse alarmante, soit tu passerais ton temps à engloutir de la bouffe à longueur de journée. Et puis le fait que je rétrécisse est forcément lié à celui que tu grandis, c’est beaucoup trop gros pour être une coïncidence. Et ça, une tumeur ne peut pas l’expliquer.

-Alors quoi ? T’es en train de me dire « soyons logiques, c’est de la magie », c’est ça ? Tu te rends compte comme c’est absurde ?

La peur avait fait place à la colère dans sa voix, et elle se dégagea de mes bras dans un geste brusque. Nous ne nous étions encore jamais engueulés depuis que nous étions ensemble et je n’aurais jamais pu imaginer que notre première dispute porte sur un tel sujet. Mais, après m’avoir pendant quelques secondes lancé des éclairs de ses si beaux yeux qui auraient dû se trouver bien plus bas par rapport aux miens, elle se calma, d’un coup, et au lieu de l’orage qui menaçait me lança sur un ton à la fois boudeur et presque blagueur :

-Tu fais chier à avoir des arguments solides ! Au moins même si j’étais en train de mourir je saurais ce qui m’arrive.

Soulagé, je ne pus que répondre :

-Eh bien moi je préfère largement ne pas savoir ce qui nous arrive que te savoir mourante.

Alors, par surprise, elle se jeta à mon cou et m’embrassa – elle n’avait certes plus besoin que je l’y aide en me penchant, désormais – et nos lèvres soudées, son corps si beau dans mes bras, je ressentis soudain une excitation complètement déplacée dans le contexte. Mais, manifestement, je n’étais pas le seul et le sexe, c’est connu, est un bon moyen de relâcher la pression.

Je ne pus me départir d’une sensation d’étrangeté pendant l’acte, du fait encore une fois des changements opérés sur nos corps respectifs au cours des dernières vingt-quatre heures et auxquels je n’étais toujours pas habitué. Mais dans le même temps, peut-être à cause de la tension accumulée, ce fut pour chacun de nous l’une des parties de jambes en l’air les plus mémorables que nous ayons vécues.

Après cela, lessivée par ses émotions violentes et une nuit qui n’avait pas été des plus réparatrices, Virginie décida de faire une sieste, et, alors que je quittais la chambre en la laissant au lit, je ne pus m’empêcher en passant devant la feuille de céder à la tentation de me mesurer à nouveau. Et je notai avec satisfaction que je n’avais perdu qu’un centimètre depuis le matin. Ce qui pour le coup s’expliquait par le phénomène tout à fait normal du tassement des vertèbres. Même si bien sûr cela aurait dû m’amener à un mètre quatre-vingt-trois et non pas à un mètre soixante-seize.

Ne sachant trop quoi faire, je retournai sur mon canapé dans l’idée de continuer mes recherches mais ne pus que rester là à me demander en quoi ma nouvelle situation allait être différente de l’ancienne. Après tout, j’étais à présent de taille moyenne, ce qui me paraissait parfaitement acceptable, et je n’étais pas non plus mécontent qu’il n’y ait plus un si grand écart avec ma petite amie. Devoir me casser en deux pour l’embrasser, si cela n’avait jamais été une gêne pour moi, n’allait pas me manquer. Bizarrement, mon esprit semblait refuser complètement d’envisager l’idée que le phénomène qui nous avait touchés Virginie et moi n’était pas forcément terminé. Après tout, il était près de seize heures et ni l’un ni l’autre ne semblait avoir de nouveau changé de taille au cours de la journée. J’entendis un léger mouvement dans la chambre, signe que le sommeil ne venait pas si facilement à ma bien-aimée, et je m’attendis à la voir bientôt se relever et me rejoindre, mais elle n’en fit rien. Aussi m’allongeai-je à mon tour, perdu dans mes propres pensées, l’entendant se tourner et se retourner dans notre lit tandis que je restais là, étendu sur mon canapé. Alors que je m’assoupissais à mon tour, j’eus une sensation étrange, comme si la température de la pièce augmentait, et mes pensées déjà décousues par mon glissement vers le sommeil ramenèrent vers moi l’étrange fièvre dont avait été la veille victime ma compagne et que j’avais cru moi-même ressentir. Lorsque je me réveillai, constatant avec étonnement que j’avais transpiré, Virginie était sous la douche. Un coup d’œil à l’horloge m’apprit que j’avais bel et bien dormi, pendant un peu plus de trois quarts d’heure.

Je me sentais un peu vaseux, et, en me relevant, je manquai de tomber à la renverse. La bouche sèche, j’entrepris d’aller me servir un verre d’eau, et ce n’est qu’après l’avoir bu, alors que dans la salle de bain le bruit de la douche s’interrompait, que je réalisai que je marchais sur le bas de mon pantalon. Je l’avais déjà noté le matin, bien sûr, mais était-ce à ce point-là ? J’en doutai soudain. De nouveau en proie à une certaine anxiété, je retournai à la fameuse feuille sur le mur, et là, je ne pus que voir, avant même de vérifier ce que je craignais, qu’un nouveau trait, accompagné du nom de Virginie, surmontait les trois précédents. Elle sortit de la salle de bains au moment même où j’ajoutai le mien, et, muets tous les deux, nous nous regardâmes, essayant d’assimiler ce que nous voyions. Si l’on en croyait ce qui était marqué sur la feuille, Virginie mesurait à présent un mètre soixante-cinq et moi un mètre soixante-treize. Mais, avant même que j’aie pleinement digéré l’information, elle s’approcha, montrant le mur et me laissant du même coup me rendre compte que ça ne pouvait être vrai, qu’il n’y avait pas autant de différence entre nous. Alors elle dit :

-J’ai pris une douche parce que j’avais transpiré quand j’essayais de dormir, et, pendant ma douche, je l’ai sentie à nouveau… la fièvre.

Elle n’eut pas besoin d’en dire plus. Je repris l’équerre et le stylo et, silencieusement, elle s’adossa contre le mur. La nouvelle marque était à peine trois millimètres au-dessous du mètre soixante-neuf.

Nous avions à peine quatre centimètres de différence, si elle avait encore pu mettre ses chaussures les plus petits talons qu’elle possédait auraient suffi à la faire me dépasser largement. Et selon toute vraisemblance, elle n’allait pas avoir longtemps besoin de talons pour ça…

-c’est vraiment hallucinant, même mes seins ont quasiment doublé de volume, ils sont tellement lourds ! Je me satisfaisais bien de mes petits bonnets B, moi.

Baissant les yeux, je ne pus que constater qu’elle avait raison. Il n’y avait certes plus aucune chance qu’elle fasse rentrer sa poitrine dans l’un de ses soutien-gorges, et de loin. Je ne répondis rien. Si moi aussi je m’étais pleinement satisfait de la taille de sa poitrine auparavant, je ne pouvais prétendre ne pas apprécier ce changement-là… Mais ce qui m’arrivait à moi était autrement plus préoccupant.

-J’ai perdu onze centimètres, tu te rends compte ? C’est énorme.

-Je sais, oui. J’en ai pris quinze en même pas vingt-quatre heures.

-Ce qui te fait rentrer dans la catégorie des femmes plus grandes que la moyenne. Je commence à craindre de devenir un nain !

-Ça va, tu n’es pas encore si petit… au moins le point positif c’est que tu avais raison : ça ne peut pas du tout provenir d’une tumeur.

Voyant mon désarroi, elle s’approcha de moi et me serra dans ses bras pour me réconforter.

-Ne t’en fais pas, ça va aller… murmura-t-elle à mon oreille, ce qui bien sûr aurait dû lui être complètement impossible, mais cela n’avait plus d’importance.

Les pensées s’accumulaient dans ma tête à une vitesse impressionnante. Je ne savais pas précisément quelle était la taille moyenne des hommes en France mais j’étais à peu près sûr d’être dessous. Moi qui avais toujours été grand, me voilà à présent devenu petit. J’avais l’impression que mon monde avait changé de perspective, à commencer bien sûr par mon rapport à Virginie. Quatre centimètres ! Quel écart insignifiant, autant dire que nous faisions peu ou prou la même taille.

Mais la chaleur de sa peau, le parfum de ses cheveux, parvinrent à créer en moi l’effet escompté et je m’abandonnai à cette douceur, fermant les yeux et enfouissant ma tête dans la cascade de fils dorés. Je restai ainsi quelques instants, songeant que cette nouvelle situation n’avait finalement pas que des inconvénients. Puis, je distinguai autre chose, une odeur plus moite dans le parfum de ses cheveux, une chaleur plus intense dans son cou. Elle souffla simplement :

-Ooooh…

Et, alors que j’avais toujours les yeux fermés, je sentis à mon tour l’accès de fièvre, brutal, intense. Et je me sentis glisser, comme si une force inconnue me tirait vers le bas tout en poussant Virginie vers le haut.

Lorsque j’ouvris les yeux, elle était penchée vers mon visage, à me regarder. L’information mit un instant à me frapper : elle baissait les yeux vers moi. Je me dégageai de son étreinte et la contemplai, bouche-bée. Elle semblait bien avoir sur moi quatre bons centimètres, désormais.

C’était donc arrivé.

Puis je remarquai son visage, la rougeur encore sur ses joues.

C’était encore en train d’arriver.

Incrédule, je la regardai pousser lentement devant mes yeux, me dépassant de plus en plus. C’était sans doute la première fois qu’elle grandissait autant d’un coup, et je ne savais même plus discerner si c’était bien elle qui gagnait des centimètres ou moi qui en perdais. Elle semblait proprement épouvantée, et je ne devais pas avoir l’air bien différent, mais je finis par lui prendre la main tandis qu’elle bégayait :

-C’est… c’est … impossible.

Finalement, tout s’arrêta, et d’un mouvement commun nous nous tournâmes vers le mur. Je n’avais pas tant envie de savoir précisément de combien était notre différence de taille. Virginie me paraissait immense, et l’idée de découvrir que j’étais passé sous la barre du mètre soixante-dix me terrifiait. Mais néanmoins, elle m’incita à l’aider, et docile, je me laissai faire à mon tour, regardant cette figure fantastique s’affairer au-dessus de moi.

-Un mètre soixante-sept, me dit-elle après avoir fini.

Je regardai sa propre marque, à un mètre soixante-quinze, et déglutis.

-Je suis tellement petit…

-Ce n’est pas grave, tu sais que ça n’a pas d’importance pour moi.

-D’être coincée avec un mec qui a l’air d’être ton petit frère ?

-Ne sois pas ridicule, je ne m’arrête pas à ce genre de détail.

Elle se pencha vers moi et me plaqua un baiser sur la bouche.

-Je t’aime quoi qu’il arrive, tu le sais.

Restant un instant bloqué sur le fait que c’était elle, à présent qui se penchait pour m’embrasser, je me ressaisis bientôt et me morigénai. Après tout je n’étais pas le seul concerné, alors autant me montrer fiable dans cette galère.

-Six centimètres d’un coup pour toi comme pour moi, dis-je. J’ai l’impression que ça s’amplifie.

Et, comme pour me donner raison, le bouton de sa chemise lâcha pile à ce moment, laissant sortir des seins beaucoup plus gros qu’elle n’en avait jamais eu. Suivant mon regard, elle eut un petit sourire :

-Je parie que ça toi ça ne te dérange pas.

-Non, en effet, m’esclaffai-je. D’autant qu’à ce rythme je pourrai bientôt y enfouir ma tête !

Mais la plaisanterie ne la faisait rire qu’à demi, aussi cette fois ce fut moi qui pris l’initiative, me mettant sur la pointe des pieds, de l’embrasser pour lui remonter le moral. Elle fut très réceptive à cette initiative et, en un instant, ce fut un baiser fougueux qui nous liait tous deux, yeux fermés, tout le reste momentanément oublié. L’instant sembla durer un temps infini, je vacillai sur mes orteils, ayant l’impression d’être prêt à m’envoler vers les cieux, soudé à ses lèvres et de longues, très longues secondes s’écoulèrent. Lorsqu’enfin nos langues se séparèrent et que je rouvris les yeux, reposant mes talons à terre, ma bien aimée me fit soudain l’effet d’une figure divine alors qu’elle se redressait et que je voyais son visage s’élever, et s’élever encore. Puis, je compris. Aucun de nous deux ne s’en était rendu compte, même Virginie n’avait pas remarqué qu’elle se baissait de plus en plus pour garder le contact de mes lèvres au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Mais le phénomène s’amplifiait bel et bien.

J’étais à présent nez à nez avec sa poitrine.

Me ressaisissant, je constatai avec un léger soulagement que je n’étais pas tout à fait face à ses seins, mais encore légèrement au-dessus. Je levai la tête vers elle, l’air interrogateur. À première vue, nous avions près d’une vingtaine de centimètres d’écart, désormais. Je me demandai quelle taille je pouvais bien faire, mais d’un autre côté je n’avais absolument aucune envie de le savoir. Virginie se mordait la lèvre, je me détournai et regardai vers la fenêtre où les derniers rayons du soleil venaient mourir. La veille, à cette même heure, je rentrais de ma balade, complètement inconscient de ce qui allait m’arriver.

Je me sentis tout à coup très las et assez abattu. Compatissante, ma « petite » amie passa son bras autour de mes épaules et me prit dans une étreinte qui me fit chanceler. J’eus un instant presque peur de rétrécir de nouveau, comme lors des deux précédents contacts que nous avions eus, mais rien ne se produisit. Chercher une logique à ce phénomène était de toute évidence inutile. Sans force, je laissai Virginie m’entraîner vers la chambre ou nous nous allongeâmes tous deux sur le dos, par-dessus les couvertures fixant le plafond, blottis l’un contre l’autre et quelque peu découragés.

-J’aurais bien proposé de commander une pizza, mais il n’y a pas moyen que j’ouvre au livreur comme ça.

-Je n’ai même pas faim.

-Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire. Essayer de me trouver des vêtements ou m’en fabriquer peut-être. Mais ils seraient probablement trop petits avant même que j’aie fini de les coudre. Et je doute de trouver encore dans le commerce des soutien-gorges où je puisse loger ces deux pastèques.

Je ne répondis pas. Ses seins avaient désormais effectivement la taille de pastèques de bonne taille, tout en ayant de manière étonnante gardé leur fermeté initiale. J’aurais parié que chacun d’eux était plus gros que ma tête.

-Je viens de penser à un truc. L’autre jour je ne sais plus pourquoi on parlait de ma petite taille avec un collègue, et il m’avait dit qu’il connaissait une amie à lui qui avait grandi à presque trente ans, et que c’était donc possible. C’était sûrement des conneries, c’est ce que je me suis dit sur le coup, mais il y a deux nuits, j’ai rêvé que je grandissais. Et maintenant ça s’est réalisé. C’est bizarre comme coïncidence, non ?

-Oui. Peut-être que tu es encore en train de rêver, ou que c’est moi qui rêve. Ce serait plutôt une bonne nouvelle, je trouve.

-Peut-être…

Un silence s’installa, avant que Virginie ne le brise :

-Moi j’ai faim. SI je commande une pizza, tu veux bien répondre à la porte ?

 

En ouvrant la porte, je constatai avec horreur que le livreur était en fait, une livreuse. Et, bien entendu, elle faisait une bonne tête de plus que moi. Elle jeta un regard circonspect à ma mise, que j’avais tenté d’arranger du mieux que je pouvais sans parvenir à cacher que mes vêtements étaient beaucoup trop grands pour moi. Pire encore, quelques minutes avant d’entendre sonner, j’avais de nouveau ressenti cette fièvre déjà trop familière, tant et si bien que tout en tentant de faire bonne figure, j’avais le plus grand mal à retenir mon pantalon dont la ceinture n’avait jamais été si serrée.

Dès que j’eus payé, je refermai la porte sur le regard interrogateur de cette inconnue qui, cette pensée me faisait horreur, n’était peut-être même pas beaucoup plus grande que la moyenne. Cette fois, je ne résistai pas à la tentation de me mesurer à nouveau et, faisant attention à ne pas me faire voir de Virginie comme si je me livrais là à un acte honteux, je repris l’équerre et le crayon pour lesquels je commençais à ressentir une haine aussi absurde que dénuée de fondement. Je n’avais pas envie de lui dire que c’était de nouveau arrivé. S’en rendrait-elle seulement compte ? Nous avions déjà un tel écart, et ne m’étant pas remesuré depuis ce baiser fatidique, j’ignorais combien cette dernière poussée de fièvre m’avait fait perdre. Le résultat, en revanche, était clair : je mesurais un mètre cinquante-six. Presque la taille normale de ma compagne. Lorsque j’arrivai dans la chambre, elle se redressa sur le lit en position assise, et, un instant, j’eus peur de constater que même ainsi elle était aussi grande que moi, mais ce n’était pas le cas. Puis elle se mit debout, un peu vite sans doute, car elle chancela un peu. Je jugeai notre écart à environ déjà plus d’une trentaine de centimètres, et je tressaillis en l’entendant dire :

-Oulah. Je crois que je sens que ça vient.

Et, effectivement, « ça » venait. Éberlué, je la vis grandir encore, devant mes yeux. Un centimètre, puis deux, puis trois. Enfin, le processus sembla ralentir, puis s’arrêter. Du moins, je le pensais.

-C’est bizarre, dit Virginie, j’ai toujours l’impression d’avoir de la fièvre. Mais j’ai surtout faim, on la mange cette pizza ?

Et elle alla prendre un couteau dans la cuisine afin de découper la pizza. Je la regardai d’un air pensif, assise à la table, complètement nue, à déguster une part, comme si tout était parfaitement normal. Ses yeux brillants et le rouge de ses joues trahissaient la fièvre qui, manifestement, était bel et bien toujours présente. Mais cela excepté on aurait pu, en la voyant assise là à manger, croire que c’était là quelque chose de parfaitement banal. Comme si elle n’avait pas eu l’air d’une géante aux côtés de son petit ami qui en théorie faisait trente centimètres de plus qu’elle, et en pratique devait bien en faire trente de moins.

-Tu es sûr que tu n’en veux pas ? Elle est bonne. Me dit-elle avec la bouche pleine, me montrant la pizza.

Alors, je me rendis compte que j’avais effectivement passablement faim. Et dans ma tête s’opéra un déclic qui me rendit soudain certain que si Virginie pouvait se comporter de façon si sereine dans cette situation si démente, rien ne m’empêchait de lâcher prise à mon tour et de me laisser aller à un peu de pseudo-normalité en compagnie de mon immense petite-amie. Je m’installai donc sur la chaise face à elle et, lui décochant un sourire qui la fit sourire à son tour avec un bonheur non feint, j’enfournai à mon tour une part de pizza, qui s’avéra effectivement très bonne.

-Tu as l’air de bonne humeur, me dit Virginie.

-J’en ai marre d’angoisser, alors j’ai décidé d’arrêter. Et puis même à presque deux mètres, tu es toujours aussi belle.

Elle émit un petit rire avant de répondre :

-C’est l’esprit ! Mais tu exagères, je suis sûre que je n’y suis pas encore. Au moins pour l’instant.

-Tu n’as plus l’air de grandir à vue d’œil en tous cas.

-Et j’en suis bien contente ! Mais il faudrait que ce soit très rapide pour être décelable. Et j’ai encore de la fièvre, je le sens. Donc je grandis sans doute encore, même si c’est plus lent que tout à l’heure.

-Tu voudras que je te mesure encore une fois tout à l’heure ?

Je me sentis obligé d’ajouter face à son air dubitatif :

-Ne me regarde pas comme ça, j’ai qu’à prendre une chaise et j’y arriverai.

-D’accord, on fera ça.

Puis, nous finîmes la pizza, plus ou moins en silence. Lorsqu’elle se leva, elle me fit encore une fois l’effet d’une géante. Les quelques dizaines de derniers centimètres entre nous étaient arrivés tellement vite que je n’avais pas encore pu m’y faire, et à présent j’avais vraiment les yeux à hauteur de ses seins.

-On y va ?

J’acquiesçai et elle alla se mettre dos au mur pendant que j’allai chercher une chaise. Mais, alors que j’attrapais le dossier, je sentis une fois de plus la sensation de fièvre me prendre. Mon pantalon tomba tout à fait cette fois-ci et je le laissai là, décidé à agir comme si tout allait bien. Lorsque je me retournai vers Virginie, je la vis scotcher une deuxième feuille au mur au-dessus de la première, et je réalisai du même coup que l’autre était effectivement trop basse, quand pourtant ma toute première marque y figurait. Mais cette marque était seulement à un mètre soixante-dix-neuf et non pas à ma taille normale. Je trainai vaillamment ma chaise jusqu’à ma compagne, luttant contre la fièvre, ne voulant même pas prêter attention au rythme auquel j’étais en train de rétrécir cette fois-ci. Puis je montai dessus, armé de mon stylo et de la fameuse équerre, seulement pour découvrir que j’étais encore très légèrement plus petit que ma Virginie debout par terre. Voyant cela, le rouge me monta aux joues sans que cette fois la fièvre y soit pour quelque chose – ou alors très indirectement ! – tandis qu’elle retenait un éclat de rire. Puis, je traçai mon trait et elle se décolla du mur, m’observant d’un air facétieux. Alors, sans que je l’aie vue venir, elle m’embrassa et m’attrapa littéralement, m’arrachant de ma chaise dans son étreinte, apparemment sans effort. Et je restai là, proprement suspendu à ses lèvres, à moitié nu et pressé contre sa poitrine massive. Et j’eus soudain l’impression de vivre là l’un des meilleurs moments de ma vie.

Lorsqu’elle me reposa, je découvris avec une certaine horreur que ses seins semblaient planer au-dessus de ma tête. Elle se pencha pour ramasser le mètre pour savoir enfin combien elle pouvait mesurer et m’annoncer, avec une certaine fierté dans la voix que je ne compris pas :

-Un mètre quatre-vingt-quatorze ! Tu te rends compte ? Je suis plus grande que mon père ! Beaucoup plus grande, même.

Puis, se penchant de nouveau vers moi, elle demanda :

-Tu as encore rétréci, non ?

Je hochai la tête avec un vague sentiment de honte que, soudain, je m’en voulus de ressentir. Ce n’était pas de ma faute ! Malgré tout ma fierté prenait cette situation comme une blessure, et j’eus l’espace d’un instant l’envie réflexe de nier. Il cela eut été inutile, je pouvais désormais littéralement me cacher à sa vue en me mettant sous ses seins, qui, ayant atteint la taille de deux ballons de basket, auraient parfaitement pu me le permettre.

Elle vit ma réaction et eut une moue désolée.

-Faire comme si tout allait bien ne marche plus alors ? Je suis désolée. J’espère vraiment qu’on va vite trouver une solution.

-Vraiment ? Tu commences à avoir l’air d’aimer ça. Persifflai-je d’un ton plus hargneux que je ne l’aurais voulu. Je le regrettai aussitôt en voyant un éclair de douleur passer dans ses beaux yeux. La blesser était bien une chose que je ne désirais surtout pas mais la colère qui enflait en moi face à cette situation injuste avait besoin d’un exutoire, et l’esprit tordu par cette rage, j’en venais à considérer ma petite amie comme la grande gagnante de cette injustice, comme si elle avait un jour pu vouloir mesurer une taille aussi démentielle. J’aurais tant voulu être encore grand moi-même à cet instant !

Mais, malgré la peine que je venais manifestement de lui causer, Virginie garda son calme et répondit d’un ton posé :

-Au point où j’en suis tu sais, j’ai établi qu’il vaut mieux s’en réjouir qu’en pleurer. Mais être petite me manque. J’aimais me caler entre tes bras, moi ! Et puis soyons sérieux, je ne peux pas vraiment me montrer en public comme ça, si ça continue d’ici une heure je ne passerai plus une porte sans me baisser !

-Je n’ai même pas envie de savoir combien je mesure, ronchonnai-je.

-On est pas obligés de regarder. Viens, j’ai eu ma pizza, moi je suis plutôt partante pour retourner glander au lit jusqu’à ce qu’on se décide à dormir.

Elle tourna les talons vers la chambre et m’offrit une vue de premier choix sur ses fesses nues, qui aurait pu faire se damner un saint, et m’arrivaient littéralement à hauteur de la poitrine. Quelque chose dans cette vision me parut soudain incroyablement sexy et, incontrôlable, un début d’érection commença à se former dans mon caleçon lâche. Lorsqu’elle le vit, Virginie rit et dit :

-J’ai l’impression que toi tu n’as pas envie de glander.

-Plus trop. C’est un peu de ta faute il faut dire. On a pas idée d’être si attirante. Mais je t’avoue que la perspective de te faire l’amour les yeux braqués sur ton nombril me démotive un peu…

-Je suis confiante. On va bien trouver un moyen d’arranger ça.

Et nous trouvâmes, essayant plusieurs configurations, cherchant quelle était la meilleure, et finalement passant quelques très bons moments. Nous nous trouvâmes épuisés et heureux, Virginie allongée sur le dos dans le lit dont ses pieds, déjà, dépassaient, me faisant soupçonner qu’elle ait encore grandi, et moi allongé dans la même position mais directement sur elle, mes jambes mêlées aux siennes, ma tête délicatement posée au creux de ses énormes seins, en proie à un sentiment de bien-être des plus exquis.

J’en arrivai à apprécier pleinement notre nouvelle situation, découvrant des avantages insoupçonnés à être si ridiculement plus petit que ma bien-aimée.

Nous restâmes ainsi un temps indéfini, savourant juste le moment, sans même parler. Cette symbiose qui venait de se produire entre nous avait réellement été fabuleuse, et je me pris l’espace d’un instant à souhaiter qu’elle grandisse plus encore, tout en sachant que cela ne ferait sans doute que poser plus de désagréments que d’avantages. Je crus un instant qu’elle s’était endormie, mais je me trompai. Tout à coup, elle poussa un cri de surprise et pointa la fenêtre dont les rideaux ouverts sur la nuit n’auraient dû nous laisser voir que l’obscurité. Mais, bien que nous habitions au troisième étage sans vis-à-vis, un visage nous observait avec une expression douce de derrière le carreau. Dès que l’homme vit que nous l’avions remarqué, il nous fit un petit signe de la main accompagné d’un sourire sincère comme si tout était normal, et s’envola vers le haut. Nous restâmes interloqués l’espace d’un instant.

-Qu’est-ce que c’était que ça ?! S’exclama Virginie.

-Un type qui… vole ? Apparemment. Mais c’est impossible !

Je me relevai et me tournai pour lui faire face, la même idée nous ayant manifestement traversé tous deux l’esprit. Nous avions cherché une explication scientifique à ce qui nous arrivait, mais n’avions à aucun moment songé que d’autres phénomènes bizarres puissent se produire ailleurs. Ma géante de petite-amie se redressa et tenta de sortir de la chambre en trombe, ce qui eut pour résultat de la faire se cogner violemment contre le chambranle de la porte, démontrant brutalement qu’elle avait bien encore grandi. J’essayai de la rattraper dans la chute qui s’ensuivit, mais, loin de pouvoir soutenir son poids, je m’effondrai avec elle et me retrouvai allongé en travers de ses cuisses nues.

-Tu vas bien ? Demandai-je, inquiet.

Baissant les yeux vers moi et découvrant ma position burlesque, Virginie ne put s’empêcher de rire et me releva pour m’embrasser.

-Tu es vraiment adorable me dit-elle. J’ai bien mal au crâne mais ça devrait aller. On va checker les actualités ?

Après un autre rapide baiser, juste pour le plaisir, nous nous relevâmes donc tous deux. Je découvris ses fesses à hauteur de mon visage et me fis la réflexion qu’il ne fallait pas qu’elle s’arrête brusquement, alors même qu’une partie de moi le souhaitait. Je me demandai à quelle hauteur pouvait bien se trouver un chambranle de porte. En trois enjambées qui équivalaient à dix des miennes, virginie avait atteint le canapé où l’ordinateur était resté en veille et l’avait relancé pour consulter les actualités. Les titres à la une étaient éloquents : Mystérieuse fièvre aux conséquences impossibles, nombreux reports de phénomènes surnaturels ou encore l’accrocheur Épidémie de superpouvoirs.

-Ce n’est pas vraiment un superpouvoir si l’on ne peut pas le contrôler, commenta Virginie en continuant à faire défiler les articles. Elle s’arrêta finalement sur un autre titre qui avait retenu son attention : Le mystérieux phénomène qui touche le monde depuis hier aurait un rapport avec les rêves.

L’article expliquait que plusieurs personnes touchées par divers phénomènes inexplicables racontaient avoir tous fait un rêve la même nuit, et que chacun de ces rêves, très différents, semblait préfigurer ce qui leur était arrivé par la suite. Des scientifiques avaient émis l’hypothèse que ces rêves, probablement survenus au même moment, avaient dû coïncider avec un phénomène inconnu qui avait conféré au rêveur la capacité de réaliser un élément marquant du rêve. Un homme racontait qu’ayant rêve qu’il parlait aux animaux, il avait été très surpris d’entendre au réveil son chat lui réclamer des caresses plus explicitement que d’habitude. Un autre expliquait qu’ayant rêvé qu’il recevait une visite d’un ami décédé, il avait eu la peur de sa vie en voyant arriver un peu plus tard ce jour-là ce même ami, bien vivant et ne comprenant pas ce qui lui était arrivé. Le même homme avait depuis réussi à faire réapparaître plusieurs de ses proches défunts.

-Tu te souviens que je t’ai dit que j’avais rêvé que je grandissais ? Me demanda Virginie.

-Oui. Mais moi je n’ai pas rêvé que je rétrécissais, répondis-je en continuant de lire l’article, qui se terminait par le témoignage d’une femme qui refusait de décrire son rêve mais soutenait que son pouvoir nouvellement découvert de changer le sexe des gens et de les métamorphoser en homards venait à coup sûr de là. Ce qui laissait d’ailleurs entrevoir mille et une raisons pour son refus de raconter ledit rêve.

Et tous, en manifestant leurs nouvelles capacités, ressentaient cette bizarre fièvre.

-Non, en effet, tu n’as pas rêvé que tu rétrécissais, mais…

-Mais quoi ? C’est vrai que ça ressemble pas mal à ce qui nous arrive, mais personne à ma connaissance ne s’amuse à consciemment nous faire grandir et rétrécir.

-Consciemment, non. Mais tu n’as pas vu ? Là-dedans ils mettent que certaines personnes se sont retrouvées à semer un véritable chaos autour d’elles sans comprendre que c’était elles qui en étaient l’origine. Et puis hier soir, quand j’ai commencé à grandir et que je t’ai vu dans la cuisine, je ne t’ai pas fait remarquer tout de suite que quelque chose était bizarre, au début je ne voulais pas l’admettre… mais sur le coup la première pensée qui m’est venue c’était pas que j’avais grandi, c’est que t’avais rétréci.

-Tu es en train de me dire que tu as fait tout ça sans t’en rendre compte, c’est ça ? Qu’en rêvant que tu grandissais tu as acquis le pouvoir de le faire dans la réalité, et aussi apparemment de me faire rétrécir.

-Faut croire. Et puis dans le rêve j’avais de gros seins aussi, ça me paraissait normal, mais du coup ça expliquerait également les deux ballons de basket qui pendent de ma poitrine. Mais il y a un moyen très simple de le savoir.

Sur ce, elle me regarda d’un regard étrange, et je sentis soudain la fièvre me submerger avec une violence encore inconnue. Pris de panique, je crus l’espace d’un instant, que j’allais rétrécir jusqu’à disparaître, mais, au lieu de ça, j’eus l’impression de m’élever. Et, ébahi, je me vis grandir à une vitesse folle. En quelques secondes à peine, je faisais moi aussi ce qui un instant auparavant m’aurait paru la taille d’un géant.

-Est-ce que tu viens de me faire grandir ?

Elle me fit un grand sourire :

-Je t’ai rendu quarante centimètres.

J’exultai. Puis, elle se leva et tout à coup je me sentis bien moins grand. Elle faisait encore très largement deux têtes de plus que moi.

-Donc depuis le début, ça venait de toi et on ne le savait pas.

-Manifestement ! Si tu savais comme je suis contente ! À la fois que ce soit terminé et aussi quand même d’être capable de faire ça !

Et juste comme ça, je la vis encore grandir sous mes yeux.

-Ça te dit qu’on se mesure ? Je serais curieuse de savoir où on en est.

-Pourquoi pas ? Mais on pourrait presque déduire ta taille de la hauteur du plafond à ce stade, tu n’en es pas loin !

Mais nous allâmes tout de même nous mesurer un fois de plus, pour découvrir que je faisais à nouveau un mètre soixante-dix-huit et elle deux mètres vingt-sept. Je constatai que j’étais de nouveau face à ses seins.

-Tu m’as rendu quarante centimètres tu dis ? Je n’arrive pas à croire que j’étais tombé sous le mètre quarante.

-Et pourtant ! Je suis désolée, si j’avais compris plus tôt que je pouvais contrôler ça je ne t’aurais pas fait subir ce calvaire.

-Finalement tu sais, je crois que l’un dans l’autre j’ai bien aimé.

Elle rit.

-Eh bien on se refera ça à l’occasion alors. Tu ne veux pas qu’on retrouve notre taille normale ? Je t’avoue que pouvoir passer une porte sans se plier en deux est un luxe qui me manque un peu.

-Il faut juste que je fasse quelque chose avant.

Et, une dernière fois pendant que je le pouvais, j’enfouis ma tête au sein de sa poitrine massive. En riant, elle m’enlaça, me pressant plus encore contre cette chair douce et chaude qui enveloppait complètement mon visage et dont l’odeur m’enivra. Puis, je sentis que son corps se dérobait petit à petit à moi, glissant vers le bas. Et, bientôt, la situation s’inversait et c’était elle qui était nichée de nouveau au creux de mes bras.

 

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